— Ou comment Foumboula Libeka Makosso découvre soudainement que le peuple est coupable de tout
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Ah, le voilà ! L’homme providentiel devenu prophète de l’échec.
Celui qui, hier encore, brandissait le drapeau du peuple comme un talisman de vertu, et qui, aujourd’hui, le jette au visage des citoyens, accusés d’avoir saboté la République.
Dans son dernier sermon — pardon, discours —, notre nouvel inquisiteur national s’est lancé dans une entreprise audacieuse: blanchir l’élite et noircir le peuple. Un exercice d’équilibrisme politique où l’on transforme les victimes en coupables, et les manipulateurs en martyrs.
Le plus fascinant dans cette pièce de théâtre, c’est la mise en scène : on nous rejoue la restauration des institutions comme une tragédie grecque, avec chœur de flatteurs, décor en carton doré, et musiques de transition sponsorisées par l’indignation.
Mais posons la question, juste pour rire : Qui a encadré ce peuple pendant la transition ? Qui a orienté ses espoirs, canalisé ses colères, et négocié en coulisses les miettes du pouvoir ?
Un fantôme ? Une colombe ? Non. Les mêmes visages, les mêmes discours, les mêmes ambitions empaquetées dans du « renouveau » version 2.0.
Et voilà maintenant Foumboula Libeka Makosso, notre héros du jour, qui, tel un prestidigitateur en panne d’applaudissements, se retourne contre son propre public. Lui qui se disait « défenseur du peuple » s’érige en juge de la plèbe : il gronde, il méprise, il sermonne. Bref, il a trouvé un nouveau sport national — le lancer de reproches en plein micro.
Ce retournement de veste n’est pas un hasard : c’est une discipline politique brevetée. Elle consiste à effacer sa part de responsabilité en accusant les autres d’avoir « mal compris le projet ». On appelle cela du marketing de la culpabilité. Et dans cette discipline, notre acteur principal mérite sans doute une médaille en or… recyclé.
Au fond, cette posture illustre une vérité triste mais drôle :
chez certains dirigeants, la conscience nationale n’est pas une valeur, c’est un costume — qu’on enfile le jour des cérémonies et qu’on jette dès qu’il pleut la critique.
Alors oui, le peuple gabonais a bon dos. Il porte désormais la responsabilité des ambitions ratées, des réformes bancales et des promesses en plastique. Mais que les citoyens se rassurent:
L’Histoire, elle, n’a pas la mémoire courte, et elle finira par ranger ce genre de « sauveurs » au rayon des accessoires politiques oubliés.