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émission "Expression Directe émission "Expression Directe 23 septembre 2024

23 septembre 2024 à 21h19 - 223 vues

Par Félicité VINCENT

Visuel EMISSION DU 28 Expression Directe.png (2.18 MB)

La commercialisation des médicaments en Afrique : Un enjeu majeur pour la santé publique

L'accès à des médicaments de qualité est entravé par de nombreux obstacles dans plusieurs pays africains, notamment des chaînes de distribution fragmentées avec de multiples intermédiaires ou des canaux parallèles qui contribuent souvent à la contrefaçon. Pour combattre ce fléau, les secteurs privés se mobilisent dans la distribution des médicaments à travers l'Afrique. Récemment, le continent a connu un développement économique rapide, favorisant l'émergence de classes moyennes, bien que cela ne soit pas le cas dans tous les pays. La disparité entre les classes moyennes et les plus aisés persiste. Toutefois, les classes moyennes disposent de davantage de ressources pour leur santé, ce qui est encourageant. Depuis 2015, l'espérance de vie a augmenté dans certains pays comme le Sénégal et la Guinée, mais pas dans tous. Par ailleurs, le système de couverture maladie s'est amélioré dans des pays tels que l'Afrique du Sud et le Maroc. Cependant, avec l'arrivée massive de médicaments asiatiques, en particulier de Chine et d'Inde, qui inondent le marché africain à des prix abordables, la qualité des médicaments est mise en péril. Face à ce défi majeur, le secteur privé émerge, conscient de la concurrence des lobbies pharmaceutiques européens et asiatiques.

La valorisation de la production locale est essentielle, notamment en soutenant le développement progressif des unités de production pharmaceutique dans des pays comme le Ghana, le Nigeria et le Kenya. Curieusement, ce sont souvent des Indiens et des Marocains qui établissent des lignes de production de médicaments en Afrique, faisant face à des défis tels que la fiabilité des approvisionnements et la disponibilité de main-d'œuvre qualifiée. Cela rend leur modèle d'affaires encore peu fiable, nécessitant du temps pour établir une production de médicaments fiable et de bonne qualité en Afrique.

Cette situation favorise les grossistes et distributeurs qui respectent les normes de qualité les plus strictes, audités par des laboratoires internationaux pour se conformer aux bonnes pratiques de distribution. Le secteur privé bénéficie de sa faible exposition aux aléas géopolitiques. En réalité, il est de la responsabilité des États africains de transformer cette réalité en formant du personnel qualifié et en implantant des laboratoires pharmaceutiques sur le continent, une mission qui demeure ardue à ce jour. Cette difficulté permet aux laboratoires internationaux de dominer le marché pharmaceutique africain.

Concernant les vaccins COVID-19 et la nouvelle maladie de la variole du singe, les vaccins vendus en Afrique ne sont pas produits sur le continent. Nos États, et même la population, ignorent la nature du principe actif utilisé, l'adjuvant employé et les conditions de fabrication de ces vaccins. Les laboratoires pharmaceutiques internationaux profitent de cette situation pour engranger des milliards de dollars, tandis que les pays africains ferment les yeux, au détriment de leur peuple. C'est le marché le plus lucratif après celui des minerais en Afrique.

Les laboratoires pharmaceutiques internationaux adoptent une stratégie particulière en s'appuyant sur les distributeurs, qui sont souvent responsables de l'organisation complète de la chaîne de valeur. L'Afrique n'a pas encore saisi l'importance d'établir des laboratoires pharmaceutiques sur le continent pour diriger le secteur et surtout pour générer de la richesse. Il est certain que toutes les générations ne sont pas sur un pied d'égalité, mais une prise de conscience croissante des enjeux pousse la jeunesse africaine à réaliser qu'il est temps de changer les choses pour un avenir meilleur en Afrique.

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