AFRIQUE 2050 : POLITIQUE Mali un colonel nouvel homme fort à Bamako après le coup d’État Actualité Afrique 2050 20 août 2020
20 août 2020 - 20:28 - 3483vues
Par la Rédaction avec AFP
L’opposition s’est félicitée mercredi du coup d’État militaire, estimant qu’il avait «parachevé» sa lutte pour obtenir le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le colonel de l’armée malienne Assimi Goita s’est présenté mercredi 19 août comme le nouvel homme fort à Bamako. «Je me présente: je suis le colonel Assimi Goita, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP)», a-t-il déclaré à la presse au lendemain du coup d’État ayant renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Il a estimé que son pays se trouvait «dans une situation de crise socio-politique, sécuritaire» et n’avait «plus le droit à l’erreur».
L’opposition s’est félicitée mercredi du coup d’État militaire, estimant qu’il avait «parachevé» sa lutte pour obtenir le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta et se disant prête à élaborer avec la junte une transition politique. Elle s’est dite prête à fêter vendredi «la victoire du peuple malien»
La coalition d’opposition du M5-RFP «prend acte de l’engagement» du Comité national pour le salut du peuple (CNSP)« , créé par les militaires désormais au pouvoir, «d’ouvrir une transition politique civile», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
La communauté internationale condamne
Le colonel Goita ne pourra toutefois pas compter sur la moindre indulgence de la communauté internationale qui a unanimement condamné le putsch, réclamant le retour à l’ordre constitutionnel et la libération du président Keïta arrêté mardi par les militaires.
Les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont demandé la libération «immédiate» du président renversé et «souligné la nécessité pressante de rétablir l’État de droit et d’aller vers un retour de l’ordre constitutionnel».
Fortement engagée au Sahel où elle combat les groupes jihadistes qui ont contribué à déstabiliser le Mali, la France a, par la voix du président Emmanuel Macron, a estimé que «la lutte contre les groupes terroristes et la défense de la démocratie et de l’État de droit sont indissociables».
«En sortir, c’est provoquer l’instabilité et affaiblir notre combat. Ce n’est pas acceptable», a-t-il poursuivi sur Twitter, en appelant à ce que le pouvoir soit «rendu aux civils».
L’UA a de son côté suspendu le Mali «jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel» et demandé «la libération du président (…) du Premier ministre et des autres responsables du gouvernement arrêtés par la force par l’armée».
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a tenté sans succès de résoudre la crise qui frappe le Mali depuis juin, a également suspendu ce pays avant une réunion jeudi en visioconférence. Elle a prévu de tenir jeudi une réunion extraordinaire de ses chefs d’État pour évoquer la question.
L’UE a réclamé la libération «immédiate» des dirigeants arrêtés et un «retour immédiat de l’état de droit». «La stabilité de la région et du Mali, la lutte contre le terrorisme doivent demeurer des priorités absolues», selon elle. Washington a aussi «fermement» condamné «la mutinerie» et exigé que la «liberté et la sécurité» des dirigeants maliens et de leurs familles soient «assurées».
L’Algérie, qui partage 1400 km de frontières avec le Mali et a joué un rôle important dans les pourparlers de paix dans ce pays, «réitère son ferme rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement». Autre pays du Maghreb partenaire du Mali, le Maroc a appelé à une «transition civile pacifique, permettant un retour rapide et encadré à l’ordre constitutionnel».
Halte au «vandalisme»
Ces condamnations n’ont pas dissuadé le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du (CNSP), de demander à ses compatriotes de «vaquer librement à leurs occupations». Il a aussi demandé «d’arrêter immédiatement les actes de vandalisme et de destruction des édifices publics». Des manifestants ont incendié mardi le cabinet d’avocat de l’ex-ministre de la Justice Kassim Tapo.
Ismaël Wagué n’a en revanche rien dit sur le président Keïta, dit IBK, ni le chef du gouvernement, Boubou Cissé, toujours au camp militaire de Kati, le quartier général des auteurs du coup d’État près de Bamako.
Le calme a régné mercredi dans la capitale, qui portait encore les stigmates des incidents ayant ponctué ce renversement de pouvoir, en particulier l’incendie du cabinet d’avocats de M. Tapo. Les habitants de Bamako ont vaqué à leurs occupations, mais les administrations et les banques étaient fermées.
Le président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans, a annoncé à la télévision publique sa démission dans la nuit de mardi à mercredi, puis la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale.
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